

Contexte scientifique
L'étude à laquelle participe votre chat s'inscrit dans le domaine de l'écologie comportementale. Mais que cherchons-nous à démontrer et comment comptons-nous le faire ? Découvrez-en plus dans cette section !
Un instinct de prédateur
L'histoire commune de l'humain et du chat (Felis catus) a commencé il y a environ 9700 ans (Avise et al., 2007), au début du Néolithique. A cette période, les chats étaient considérés comme commensaux, c'est à dire qu'ils se nourrissaient des populations de rongeurs attirées par les premières cultures humaines (Crowley et al., 2020). Cette association entre humains et chats n'est donc pas une domestication comme celle du chien mais plutôt une "semi-domestication".
Cette utilisation du chat pour ses services de contrôle d'espèces nuisibles pour les cultures perdure encore aujourd'hui. Mais parmi les 600 millions de chats présents à travers le monde (Kays et al., 2020), beaucoup ont désormais le rôle d'animal de compagnie et parfois même de membre de la famille à part entière (Crowley et al., 2020). Plusieurs populations de chats peuvent aujourd'hui être distinguées en fonction du contrôle que l'humain exerce sur leur apport de nourriture, sur leur reproduction et sur leur liberté de mouvement. Ce spectre s'étend des chats d'intérieur, où tout l'environnement est contrôlé par leur propriétaire, jusqu'aux chats qui n'ont pas de propriétaires et sont retournés à un état sauvage (à ne pas confondre avec d'autres espèces de félins comme le chat sauvage d'Europe Felis silvestris).

Les différentes populations de chats
Traduit de l'anglais d'après (Crowley et al., 2020)
Les chats domestiques qui ont accès à l'extérieur et qui se déplacent librement dans leur environnement ont conservé un instinct de chasse, démontré par les proies qu'ils peuvent parfois ramener à leurs propriétaires. La conservation de ce comportement de prédation malgré l'apport de nourriture fourni par l'humain a plusieurs origines. Tout d'abord, les chats sont des carnivores obligatoires. Cela signifie qu'ils ont besoin de se nourrir d'autres animaux pour obtenir les nutriments nécessaires pour leur survie. L'alimentation fournie par les propriétaires n'est parfois pas adaptée à ces besoins nutritionnels, ce qui peut pousser les chats à compenser ces carences par la chasse (Cecchetti et al., 2021). D'autres facteurs comme le temps de jeu ou l'hygiène (mise à disposition d'une litière propre) peuvent aussi avoir une influence sur le comportement de chat (Cecchetti et al., 2021), tout comme le type d'habitat (espace naturel, rural ou urbain) (Thomas et al., 2024).
Une personnalité ? Chat alors !
Néanmoins, ces facteurs n'expliquent pas l'entièreté des comportements de chasse observés, qui varient beaucoup entre individus (Cordonnier et al., 2023). Des caractéristiques propres à l'individu, qui façonnent son comportement de chasse mais plus globalement sa façon d’appréhender son environnement... on peut bien parler de personnalité du chat (Lichtfield et al., 2017) !
L'étude de la personnalité a longtemps été confinée à l'espèce humaine. C'est désormais une technique en plein essor dans le domaine de l'écologie comportementale, avec des applications nombreuses suivant les espèces étudiées (Roche et al., 2016). Notre étude cherche ainsi à comprendre comment la personnalité des chats domestiques ayant accès à l'extérieur influence leur comportement.
Le protocole expérimental
Notre zone d'étude est restreinte à une partie de la vallée de Chevreuse, dans le département de l'Essonne, afin que tous les chats participant à l'expérience aient un environnement similaire. Après avoir recruté des chats via les réseaux sociaux, des affiches et le bouche à oreille, nous allons les équiper de colliers. Sur ces colliers seront fixés un GPS et une caméra miniatures pour enregistrer l'activité des chats en extérieur au cours de la journée. En parallèle, les propriétaires seront interrogés sur les habitudes et la personnalité de leur chat car ils sont les plus à mêmes de la décrire fidèlement. Une fois ces précieuses données récoltées, nous effectuerons des traitements statistiques pour démontrer en quelle mesure la personnalité du chat peut expliquer son comportement en extérieur !

Photo d'un chat portant une caméra miniature
Disponible sur : https://worldanimalfoundation.org/cats/best-cat-cameras/
Références
Avise JC, Ayala FJ, Striedter GF, Cela Conde CJ, Gutiérrez Lombardo R, National Academy of Sciences (U.S.), eds (2007) In the light of evolution. National Academies Press, Washington, D.C
Cecchetti M, Crowley SL, Goodwin CED, McDonald RA (2021a) Provision of High Meat Content Food and Object Play Reduce Predation of Wild Animals by Domestic Cats Felis catus. Current Biology 31: 1107-1111.e5
Cecchetti M, Crowley SL, McDonald RA (2021b) Drivers and facilitators of hunting behaviour in domestic cats and options for management. Mammal Review 51: 307–322
Cordonnier M, Perrot A, Ferry N, Bonnaud E, Baudry E (2023) Pet cat personality linked to owner‐reported predation frequency. Ecology and Evolution 13: e9651
Crowley SL, Cecchetti M, McDonald RA (2020) Our Wild Companions: Domestic cats in the Anthropocene. Trends in Ecology & Evolution 35: 477–483
Kays R, Dunn R, Waldstein Parsons A, Mcdonald B, Perkins T, Powers S, Shell L, Mcdonald J, Cole H, Kikillus K, et al (2020) The small home ranges and large local ecological impacts of pet cats. Animal Conservation. doi: 10.1111/acv.12563
Litchfield CA, Quinton G, Tindle H, Chiera B, Kikillus KH, Roetman P (2017) The ‘Feline Five’: An exploration of personality in pet cats (Felis catus). PLoS ONE 12: e0183455
Roche DG, Careau V, Binning SA (2016) Demystifying animal ‘personality’ (or not): why individual variation matters to experimental biologists. Journal of Experimental Biology 219: 3832–3843
Thomas B, Baker P, Fellowes M (2014) Ranging characteristics of the domestic cat (Felis catus) in an urban environment. Urban Ecosystems. doi: 10.1007/s11252-014-0360-5